Ethique appliquée

Yannis Constantinidès[1]dans la présentation de son cours d’éthique appliquée à l’Espace Ethique Ile de France ouvre son propos de ces quelques mots :

« Nous vivons à une époque de « bluff éthique », comme le dit à juste titre Frédéric Schiffter. L’éthique, qui est partout (affichée) et nulle part à la fois, intimide en effet le profane par son ton grandiloquent et ses belles incantations. Elle se fait facilement moralisatrice et absolue alors qu’elle devrait être inquiète et incertaine. L’éthique appliquée est à cette « éthique d’en haut » ce que les arts appliqués sont aux beaux-arts : un retour à la terre ferme, un principe de réalité. »

Quelques réflexions apéritives :

Les évolutions réglementaires et administratives conduisent à contractualiser la relation à la personne vulnérable. Le contrat de séjour en apporte l’illustration. La personne demandeuse d’un accompagnement exprime sa liberté de choix. Mais, quelle liberté vit-elle ? Alors que souvent elle attend cet accompagnement depuis des mois voire des années. A-t-elle le choix d’accepter la proposition ? La personne vulnérable supporte la responsabilité de son handicap.

La personne en situation de handicap (ou ses représentants légaux) culpabilise lorsque le directeur l’informe, par obligation, du coût de son accompagnement. De plus la prestation de compensation vient en subsidiarité des solutions mises en œuvre par la personne elle-même en mobilisant ses propres ressources. Le semblant de l’autonomie est de laisser la personne avec un désavantage décider des compensations de son handicap. Elle ne connait pas toujours ses droits. La nature de ses difficultés peut l’empêcher d’en comprendre les mécanismes.

Où demeurent les questions éthiques ?

L’éthique de l’accompagnement c’est prendre soin. C’est porter attention à l’autre. C’est faire attention à soi pour se différencier de l’autre et considérer les deux singularités : soi-même et l’autre.   L’éthique se loge dans de petites choses, dans des détails ; là où se dissimule le diable. C’est modeste et au cœur de l’accompagnement. Elle n’est pas plaquée sur le travail social. Elle en est consubstantielle.

Nous faisons de l’éthique sans en avoir l’air.

Une réflexion éthique exprimée avec de grands mots s’écarte de la réalité. Si on sort de l’éthique incantatoire abstraite et qu’on va vers l’éthique appliquée on est dans le concret.

Vita Activa suggère:

Une éthique d’en bas. L’éthique n’est ni normative, ni prescriptive, ni docte, elle donne des préavis. Elle se situe plus dans la discussion en amont de la prise de décision.

Vita Activa propose :

  • D’engager un processus de réflexion éthique
    • Cette réflexion concerne les professionnels de toutes les catégories.
    • Cette réflexion intègre les effets sur l’institution.
  • De partir de l’examen de situations précises, de tenter de formuler une éthique propre à la pratique sociale, à celle de l’accompagnement et de remettre en avant des valeurs modestes et négligées telles que l’humanité, le tact et la reconnaissance de l’altérité de la personne, la sollicitude. Le travailleur social doit retrouver ce mot d’ordre : « d’ être utile et de ne pas nuire « . La maltraitance ordinaire n’étant que la conséquence somme toute prévisible de l’expression obligatoire des bons sentiments.

Vita Activa offre :

  • Une méthodologie de constitution d’instance éthique.
  • Une animation de cette instance avec un étayage théorique relié aux situations concrètes.
  • L’instance éthique adresse par écrit sa réflexion aux destinataires. Vita Activa offre d’assurer le suivi des hypothèses de l’instance éthique.

Vita Activa par ses formations-actions participe à la réduction des risques d’interruption de parcours des personnes accompagnées et à la prévention des risques psycho-sociaux.

1] Yannis Constantinidès : Professeur agrégé de philosophie, enseignant associé au Département de recherche en éthique, Université Paris-Sud